Le Studio 80 est un ancien cinéma reconverti en discothèque, situé dans la Grand'rue, qui ouvre ses portes du mercredi au dimanche et permet ponctuellement aux groupes de rock de s'y produire. Car, comme dans tous les anciens cinémas, il y a une scène sous l'écran de projection…
Établi dans une rue de Strasbourg plus ou moins interlope et plus ou moins mal famé la nuit, le Studio 80 est l'une des cinq boîtes de nuit de la ville dont deux méritent vraiment l'étiquette rock. C'est aussi la plus récente du lot.
L'endroit attire une clientèle jeune. On y entend les titres forts issus du répertoire anglo-saxon du moment. Norbert Sparrow, le disc-jockey du Marcaire à Munster y sévit certains soirs de la semaine avec une sélection pointue. Un gage de qualité !
Sur l'ancien écran de cinéma sont projetées des diapositives. Parfois ce sont des films musicaux. Le samedi et le dimanche après-midi la clientèle, qui est aussi attirée par les flippers bruyants situés dans l'entrée, est principalement lycéenne.
Roland Bauer alias Bouboule officie derrière le bar. C'est une figure locale. Chanteur ou batteur, parfois les deux, avec les Skat-Five, puis avec les Rhythm Checkers, les Meats et les Checkers qui dans les années 70 deviennent Crucifer.
La discothèque accueille occasionnellement des groupes de rock. En vrac : Offenbach, Gérard et ses Beaux-Frères, Lili Drop, Flash Gordon, Opposition, Lounge Lizards, Kas Product, Oberkampf, Gogol 1er et La Horde, Orchestre Rouge, Elliott Murphy, Jérôme Soligny.
Le 8 avril 1981, ce sont les Civils qui investissent le lieu avec l'ex Flash Gordon, Didier Poux, qui vient les rejoindre au rappel. Des tractations sont en cours pour le décider à rejoindre le groupe qui deviendra les Têtes Brûlées au mois de novembre sur cette même scène.
Quelques clichés du concert provenant d'une planche contact témoignent de ces instants. Parmi le public on peut reconnaitre Ness and the Nessies, deux membres de ’A’ Bomb, Arnaud de Toxique, Augustin le portier du bar Les Aviateurs, etc.
Idéalement situé au centre ville, le Studio 80 ne résiste pourtant pas bien longtemps, ni à la gentrification naissante, ni aux plaintes de voisinage. Les travaux d'insonorisation initiés par la direction sont sans effets et les portes définitivement closes à la fin de l'année 1983.