Satanic

Une poignée de lycéens, titillés par le punk et désireux de s’encanailler, oscillent entre blagues de potaches et l’apprentissage de leurs instruments. Après l’école et juste avant le goûter, serait-on tenté de dire…

L'auteur de l'article  Eric T. Lurickclassé dans Groupes de lecture
Les cinq membres du groupe Satanic
Photo : collection personelle

Pour Christian Gyss (chant et batterie), Patrick Grimm (chant et guitare), Claude Rudloff (accordéon), Thierry Thimser (percussions) et Didier Steinmetz (basse) l’année 1977 est celle du proverbial big bang : le punk permet toutes les extravagances.

Seul Patrick sait à peu près manier une six-cordes. Les rôles ne sont pas vraiment définis pour tout le monde. Didier ne touchera jamais une basse et la présence de Thierry se limite uniquement aux bruits de pets et au rangement du matériel.

Car l’activité principale consiste à écrire des chroniques de Rock & Folk fictives. Extraits : […] le guitariste a inventé une guitare spéciale à une corde dont il sort un son formidable… ou […] le batteur et le bassiste sont nuls. ils font de Satanic le groupe le plus en vue actuellement….

Leur slogan : Satanic utilise les guitares Bonux et se brossent les dents avec Omo car ils ont l’haleine fraîche. Bonux, Omo… une obsession de la propreté récurrente ! Avec l’arrivée de Éric Garnier, les choses commencent à prendre une tournure plus sérieuse.

À part Grimace à la guitare qui savait vraiment jouer et moi qui commençait – avec une demi batterie car je n'avais pas les moyen d'acheter ni une pédale de grosse caisse ni un charley – personne ne savait jouer, et pire encore, personne n’avait d’instrument… Bon, pour la picole on s’en passait !

Christian Gyss
(Satanic, Bismuss, Flash Gordon, Drinks, Buck Dany’s, Centre Ville, Deep’s Gang, Kansas of Elsass)

Les compositions prennent forme : My Life Time (shit, shit, shit, I’m the best), Johnny B. Good (Johnny était un pur rockeur, un bébé tout seul lui avait fait peur) et l’inénarrable L’armée (On vous donnera un uniforme de soldat qui aura une couleur caca).

Le sacrifice du t-shirt : Satanic devient Bismuss

La dernière pièce du puzzle est Christian Bartsch qui vient donner des cours de guitare aux novices. Lorsqu’il finit par s’incruster, Satanic devient Bismuss. Une mue qui est immortalisée par une séance de photos : le sacrifice du t-shirt.

Le punk donne enfin le droit au rock d’être ce qu’il veut. Une chance pour les moins expérimentés de prendre un instrument. De jouer en s’opposant aux fondements préétablis. D’aller au-delà des règles, musicales et vestimentaires, quitte à jouer la carte de la dérision.